Qui se cache derrière Al-Qaïda au Maghreb islamique ?

Mécanopolis. 22 septembre 2010

A l’origine, le sigle Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) est apparu en janvier 2007, prenant la suite du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, et englobant des groupes rebelles touaregs et sans doute une composante criminelle, dans une zone désertique allant du Niger à la Mauritanie.

Cette origine algérienne est lourde de sens, alors que pèse depuis des années le soupçon de la manipulation d’une partie de la nébuleuse islamiste algérienne par le Renseignement militaire algérien, le DRS, l’une des branches du régime d’Alger.

C’est la thèse que défendait, sur Rue89, l’anthropologue britannique Jeremy Keenan, au lendemain de l’annonce de la mort de Michel Germaneau. Keenan, un spécialiste reconnu de la zone sahélienne, écrivait le 9 août :

« La zone frontalière [entre le Mali et l'Algérie, ndlr] juste au Nord de Tigharghar est survolée quotidiennement par les hélicoptères de l’armée algérienne, et régulièrement par deux Beechcraft 1900 de l’armée de l’air algérienne, équipés de matériel de surveillance. De plus, il existe des contacts étroits entre la cellule d’Abdelhamid Abou Zaïd d’Aqmi et le DRS, Zaïd étant lui-même considéré comme un agent du DRS.

Pour cette raison, les habitants de la région, de plus en plus remontés contre les activités présumées d’Al Qaeda, se réfèrent souvent à Aqmi comme Aqmi/DRS . Ainsi, les derniers mots attribués au colonel Lamana Ould Bou, du service malien de la sécurité d’Etat, peu avant son assassinat à Tombouctou le 10 juin 2009, étaient : Au cœur d’Aqmi, il y a le DRS. »

Cette thèse ne fait toutefois pas l’unanimité. Sur TV5 Monde, vendredi, le président malien Amadou Toumani Touré, en première ligne dans cette affaire, s’en prenait « à mots à peine couverts », précisait samedi Le Monde, à l’Algérie, accusée de repousser les islamistes vers le Sahara malien :

« Ceux qui nous accusent n’ont qu’à empêcher les salafistes de venir chez nous. Ces gens-là ne sont pas Maliens. Ils sont venus du Maghreb. Nous n’avons rien à voir avec cette histoire. »

Et de fait, les divisions ethniques entre l’Afrique arabe et l’Afrique noire ont empêché jusqu’ici d’autres que des Algériens d’être dirigeant au sein d’Aqmi, limitant ainsi son impact, même si l’organisation dispose de moyens lui permettant de recruter les jeunes désœuvrés des zones désertiques des pays pauvres et fragiles de la zone.

Le désert sahélien est ainsi devenu un terrain d’affrontement mettant aux prises toute une série d’acteurs :

- Une nébuleuse islamiste dont on ignore totalement jusqu’où remontent les fils qui la contrôlent, et qui a choisi de se placer sous le sigle Al Qaïda, histoire de brouiller un peu plus les pistes ;

- Des Etats qui comptent parmi les plus pauvres de la planète (Niger, Mali, Mauritanie), et n’ont que très modestement les moyens de contrôler leur territoire dans sa partie désertique ;

- L’Algérie, puissance régionale majeure, dont le rôle est tout sauf clair, mais dont on sait que rien de ce qui se passe dans le Sahara ne lui est totalement étranger ;

- La France, puissance coloniale à l’influence déclinante, qui conserve de gros intérêts comme l’uranium exploité par Areva au Niger ;

- Les Etats-Unis qui disposent d’une station d’écoute au Nord du Niger, et surveillent activement tout ce qui s’y passe, depuis que l’administration Bush a étendu à l’Afrique la « guerre contre le terrorisme ».

Une base US secrète en Algérie

Nous avions, en mars 2008, localisé une base secrète américaine, cela grâce aux précieuses informations de notre camarade Djamaledine Benchenouf (1). L’existence de cette base est aujourd’hui confirmée par l’hebdomadaire français Le Canard Enchaîné.

Dès le 16 septembre et l’enlèvement de sept otages français au Niger, les militaires français ont obtenu l’aide des services US. Lesquels ont installé à Tamanrasset, dans le sud de l’Algérie et au confin du Niger, une station d’écoutes en tout genre.

Sous le contrôle de la National Security Agency (NSA), et avec l’accord du président Bouteflika, 400 experts barbouzards y pratiquent l’enregistrement des téléphones cellulaires et sateliteaires.

Manifestement, le Sahel n’est pas « infiltré » que par des terroristes.


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Dernière mise à jour de cette page le 26/10/2010

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