L’Etat français en faillite : la spécificité française (II)

AgoraVox. Le 8 mars 2011 par François Desvignes

 

La France vient de franchir le seuil fatidique de 1700 milliards d’euros d’endettement : elle est en faillite, sinon aujourd’hui, demain, inexorablement.

Cette série d’articles vise à démontrer la spécificité de la dette française quant au cumul de la dette avec l’impôt (I), quant au volume hors contrôle de la dette (II), quant à la la structure insoluble de la dette (III) et enfin quant à la philosophie de la dette (IV) qui sont les quatres raisons de son impossible apurement

II LE VOLUME HORS CONTROLE DE LA DETTE

1700 milliards de dette publique est un montant hallucinant mais, pour autant, nous ne devrions pas en soi être impressionné par ces chiffres lorsque l’on sait qu’au lendemain des guerres napoléoniennes le Royaume-Uni avait fait grimper son taux d’endettement à 250/300% de son P.I.B.

Dans notre dernier article, nous avons tenté de démontrer que plus que l’importance de la dette en elle-même c’était son cumul avec des taux d’imposition élevés, sans pour autant parvenir à des budgets en équilibre, qui devait nous inquiéter, car, perdant ainsi la totalité de nos marges de manoeuvre, inexorablement nous courrons vers la faillite.

Aujourd’hui, ce que nous allons tenter de démontrer, c’est la vitesse à la quelle nous courrons sans jamais néanmoins perdre de vue que la masse de la dette a par elle-même un effet synergétique et qu’ainsi, si le volume de la dette en lui-meme n’explique pas les causes, il en accélère les conséquences.

Donc, le volume de la dette : les républicains (pardon d’être royaliste) disent souvent que la dette française est certes importante mais moindre que celle des Etats-Unis. Si l’on parle de dette publique, et de pourcentage de P.I.B., c’est absolument faux. Nous sommes un des pays les plus enettés au monde. L’assertion choque, cela ne fait pas très plaisir mais la vérité n’est pas là pour nous flatter mais nous éclairer : la France est en 14e position des pays les plus endettés avec un taux d’endettement de 83%, soit dans le peloton de tête des cancres, avec le Zimbabwe, la Belgique, la Grèce. Le Japon est encore loin "au dessus" d’elle mais, au regard de nos taux respectfs d’imposition, ce n’est pas une consolation.

Enfonçons le clou, vous ne me croiriez pas sinon : même l’Egypte et le Portugal, exsangues, sont mieux placés que nous en termes de pourcentage de leur P.I.B., de peu il est vrai (15e et 16 places). Où sont les U.S.A malgré la politique interventionniste de Obama dans ce consert de la dette ? Pas si mal placés, en 36e position, avec un taux d’endettement de 59 %. On comprend mieux pourquoi Obama sourit au Ouistiti quand le Ouistiti prétend lui donner des leçons de vertu du haut de ses talonnettes. Il faut aller sur ce lien pour méditer le tableau et prendre la mesure de nos menteurs

En définitive, les chiffres exacts ne nous intéressent pas, la comparaison des masses d’endettement entre pays nous édifie seul ; un bon croquis et tout est dit :

Cette mappemonde de l’endettement est assez récente. Pourtant, elle est déjà dépassée. Les choses vont si vite. En effet, comme nous savons que nous venons de franchir le taux de 80 % de dette publique, il nous faudrait normalement recolorier la carte en plus foncé chez nous et plus clair chez quelques uns de nos voisins : nous sommes dans le mauvais sens ; le Canada, par exemple, est maintenant à 34 % de taux d’endettement. Bien vert.

Or, nous savons bien que, au jour du dernier jour de la crise, seuls les "verts" seront vainqueurs avec une capacité d’endettement intacte pour profiter à tout va de la reprise. Au contraire, "les marrons" devront mobiliser toutes leurs énergies restantes à l’apurement des dettes de leurs ainés sans rien pouvoir consacrer à leurs investissements qui seuls leur permettraient de prendre une juste part à la prospérité retrouvée. Et quand nous voyons où sont les plus "verts" et encore plus, ceux qui s’en approchent et ceux qui s’en éloignent nous comprenons deux choses : pourquoi nous avions l’air si étonnés à l’instant et pourquoi, subitement, nous sommes devenus tout pâles et le sommes restés depuis....

D’autant que notre progression dans l’endettement est logarithmique, son logarithmique étant l’illustration la plus évidente de notre défaut de maitrise, de notre nouvel état de failli :

Ca ne durera pas : prolongez la courbe, vous saurez quand nous mourrons.

C’est pour cela que nous n’avons plus les moyens de savants raisonnements mais devons seul en revenir à nos bons instincts : nous devrions avoir le reflexe d’arrêter le maudit compteur p http://cluaran.free.fr/dette.html pour le faire repartir dans l’autre sens. Ce n’est pas le volume qui nous a rendu tout blanc à l’instant. C’est la progression logarithmique du volume. L’absence de contrôle de la dette ; qu’on nous cache, à nos dépens. C’est le sens et la vitesse du compteur qui nous fait passer du débat à l’ultimatum.

Mais les chiffres de l’endettement de la nation sont tels qu’ils sont au-delà de la compréhension de notre entendement moyen. Le chiffre exact ne nous intéresse d’ailleurs pas, seul le chiffre signifiant nous intéresse, c’est-à-dire par ordre de grandeur et par habitant. On peut faire plus clair en faisant plus simple : en vous demandant de lire ce qui suit en « sautant » les chiffres entre parenthèses, eux seuls exacts mais insuffisamment parlants car « illisibles ».

Sans même regarder ce qui reste dans l’assiette de nos voisins, pratiquement les prélèvements obligatoires en France tournent autour de 50 % du P.I.B. (44%). Selon les dernières publications de l’I.N.S.E.E., fin 2008, la dette de la France représentait à l’époque environ 70% (68 %) du PIB, soit 1300 milliards (1 328 milliards d’euros). Elle a cru de 10% (9,8 %) en un an. La quantité de revenus injectés dans l’économie par les mesures de relance en 2009-2010 a été proche de 45 milliards d’euros, soit 2 % (2,4 %) du PIB. La dette a continué son inexorable ascension : après avoir atteint 80% en 2009 (77,1 %), elle a atteint 85 % du PIB en 2010 (84 %). Le déficit budgétaire atteint traditionnellement trois fois les montants consacrés à la relance (141 milliards d’euros) et sera donc reconduit peu ou prou en 2011. Ce qui signifie qu’à la vitesse du seul déficit budgétaire, la France augmente son endettement de 10% par an (8%). Personne n’est devin mais il est vraisemblable, à moins d’un retournement improbable de conjoncture, qu’à l’horizon 2012, l’endettement sera proche de 120% du P.I.B. Lequel P.I.B. au mieux stagnera. D’autant que tous ces malheureux chiffres ne tiennent pas compte des 900 milliards d’euros de retraite des fonctionnaires non provisionnés à ce jour, soit 45 points d’endettement supplémentaires. C’est plus une dette, c’est un brasier.

Ces chiffres astronomiques sont au-delà de notre compréhension.

On peut donc faire encore plus simple : que l’endettement soit « calé » entre 80 et 100% ou 120% du P.I.B. et notre imposition « stabilisée » autour de 50% du P.I.B. veut donc dire, au bas mot, que chaque Français est aujourd’hui publiquement endetté dans une fourchette de 120-130% de ses revenus annuels : les 50 % d’impôts auxquels il faut rajouter un bon 70% d’endettement, si vous voulez bien admettre qu’aucun Etat n’est totalement vierge de toute dette, même pas l’excellent élève russe. Et pourquoi cette addition entre les choux de l’impôt et les carottes de la dette ? Parce que ce sont les mêmes légumes : l’impôt payé est une dette évitée et la dette contractée,un impôt différé.

Donc au bas mot nous sommes à 130 % d’endettement public, soit bien au dela des 1700 milliards.

Le F.M.I. a calculé le P.I.B. par habitant en 2008 à 34 215€. Chaque Français est donc endetté publiquement de 41 000€, arrondis à 40 000€ correspondant aux 120% de 34 215€. Sur ces 40 000€, il en paye chaque année 50/120 en impots (17 000€) et reconduit les 70/120 restants soit (23 000€) en dettes différées qui ne cessent donc d’augmenter.L’écart de 3000 € avec les chiffres pris sur le compteur de la dette provient de ce que nous laissons 10 % de dettes résiduelles à l’Etat. Sinon, le compteur a raison : nous devons 26 000 € par habitant.

On raisonne « par personne » ce qui est faux. Le bébé, mamie sont comptés comme contributeurs dans le raisonnement "par habitant". C’est démagogique. Il faut raisonner par « feu », foyer fiscal. Dans ce cas, comme il y a environ 17 000 000 de foyers fiscaux imposables en France, le hasard fait très bien les choses : chaque foyer, après avoir payé ses impôts, est encore endetté d’environ 100 000 €

L’autre manière de prendre le calcul est de dire que la famille française est composée de papa, maman et de deux enfants si bien que les chiffres deviennent....quatre fois supérieurs ! Chaque famille française EN PLUS de son endettement privé doit le 1er janvier de chaque année : 160 000€ = 68 000€ + 92 000€. (Puisqu’ils ont bien été quatre à gagner "en moyenne" 40 000€ etc). Et donc, le 31 décembre, si tout va bien, la famille lambda ne doit « plus que » et « seulement » 92 000€ en espérant que l’Etat, les collectivités territoriales et notre système de protection sociale n’aient pas aggravé la dette entre temps ce qu’ils ne manquent pourtant jamais de faire. Bon, 100 000 euros.

Beaucoup de Français vont penser n’avoir jamais payé 68 000€ d’impôts par an, somme supérieure à leurs salaires. Non, mais si nous ne les avons pas payés c’est parce qu’on nous les a volés en amont !!! Sans que nous nous en apercevions. Par exemple, en les camouflant dans notre bulletin de paye sous le terme « cotisations patronales » qui ne sont que des cotisation ouvrières payées par le patron en notre nom sans que nous le sachions. « La cotisation patronale » n’est que le salaire des employés detourné par le patron sur ordre de Marianne. Vous voulez savoir combien vous auriez pu toucher si on ne vous avait pas volé en amont ? C’est très simple : au bas mot le double de ce que vous avez effectivement touché en aval. Vous voulez le verifier ? Additionnez les cotisations ouvrières et patronales de votre fiche de paie. Le vol ne concerne pas les fonctionnaires ? Il ne concerne pas les pauvres ? Qui par hypothèse n’en seraient pas victimes ? C’est faux : le P.I.B. est la richesse commune de la nation ce que produit l’effort conjugué de tous. Puisque le F.M.I. l’a calculé pour la France en 2008 à 34 215€ par habitant dans notre exemple du foyer fiscal cela donne un revenu moyen familial de 34 215€ x 4 = 136 860€ par famille. Vous voyez, on retombe sur les mêmes chiffres. Vous ne saviez pas que vous gagniez autant ? Ni que ce qui était apparemment gratuit vous coûtait si cher ? On vous a trompé ? C’est exact : mais bien au-delà de ce que vous pensez, ce que nous verrons sur d’autres pages...

En attendant, royaliste lucide ou républicain sincère, père, mère de famille ou célibataire, nous devons 100 000 €. En plus de notre endettement personnel.

Vous comprenez maintenant, Ouistiti, pourquoi nous sommes devenus si pâles, tout d’un coup, en apprenant ces chiffres et si définitivement en colère après vous tous puisqu’il résulte de ces chiffres que vous nous avez tous escroqués.

Depuis 30 ans.


Commentaire (1)

1. PEREIRA - Le 13/03/2011 à 14:44

nous ne recevons plus de points sur les cotisations patronal (rafp)retraite aditionnel de la fonction public depuis 2005.merci
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Dernière mise à jour de cette page le 04/07/2011

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