Récit d’une bavure policière

Communiqué. 1er décembre 2009

Bonjour
J'apporte ce jour le  témoignage d'un père de famille dont le fils est passé en comparution  immédiate suite à cette manifestation et a été condamné à 3 mois de prison  avec sursis après avoir passé 24h en garde à vue.
Mon fils Léo  Belenguier a 18 ans donc majeur et il  est étudiant en fac d'histoire à  Reims.
Il n'est pas inscrit à un parti politique et s'est rendu à la  manif par solidarité avec ses camarades et amis du  lycée Roosevelt. 
Il a un casier judiciaire vierge, un attachement profond aux valeurs  de justice et de solidarité doublé d'un tempérament doux et pacifiste. Il  s'intéresse à l'actualité politique en tant que personne majeure porteur d'un  droit de vote particulièrement en ce qui concerne ses pairs.

Mon fils  a déjà participé à des manifestations et n'a jamais commis aucune violence ni  exaction d'aucune sorte allant même jusqu'à redresser des containers de  poubelles en déplorant ces actes susceptibles selon lui de discréditer les  actions menées.
C'est ce même jeune garçon qui s'est fait interpeler  et menotter jeudi après la manifestation  au cours d'une rafle commise  par la BAC alors qu'il attendait assis sur un plot pour reprendre son vélo  garé devant le lycée, alors que la manifestation était terminée et qu'il avait  demandé aux CRS à quel moment son vélo serait accessible.
Cette  arrestation brutale est motivée par l' accusation d'avoir jeté des pierres sur  les policiers pendant la manifestation avec soi disant pour preuve une vidéo  le montrant distinctement. Mon fils  fort de son innocence a demandé  aussitôt à voir la vidéo qui le mettait en cause.

Il a été placé en  garde à vue pour 24 heures, sans jamais pouvoir visionner ce document qui  était sensé l'accabler. La raison en était, d'après la police que  la  vidéo était sous scellés pour le tribunal. Après 24 heures de garde à vue  traumatisantes (refus de l'informer de notre connaissance de sa situation,  annonce que sa garde à vue pouvait être prolongée s'il niait, refus de nous  contacter pour que nous  communiquions aux forces de l'ordre les  coordonnées de notre avocat...),il a été jugé en comparution immédiate qu'il a  acceptée pour éviter de se retrouver en "préventive" chantage odieux qui ne  lui laissait d'autres choix que le procès expéditif ou la prison. Il n'a  rencontré son avocat commis d'office que quelques minutes avant d'entrer dans  le prétoire ce qui laisse perplexe sur le temps accordé pour préparer sa  défense .

Malgré la demande des avocats et des inculpés, malgré  l'absence complète de preuves (le seul témoignage écrit est celui du policier  blessé qui disait n'avoir reconnu personne et expliquait que les jets de  pierre venant de l'arrière de la manifestation ne leur étaient pas imputables  puisqu'ils étaient sur l'avant )et malgré les dénégations des quatre inculpés,  cette bande vidéo n'a jamais été présentée à quiconque et le procès s'est  conclu par une peine de sursis de trois mois pour chacun alors même qu'aucun  témoin n'avait été entendu et qu'aucune preuve n'existait.

La  conclusion de tout cela dépasse ce qu'un citoyen français peut imaginer: la  condamnation sans preuve d'un innocent pour l'exemple,un traumatisme  psychologique évident provoqué par une garde à vue visant prioritairement à  faire d'un innocent un coupable à coup d'intimidation et de brimades de toutes  sortes : autorisation d'aller aux toilettes plus d' une demie heure après la  demande, nuit passée dans des conditions d'hygiène  épouvantables , refus  d'appeler les parents pour le choix de l'avocat, refus des policiers du  commissariat de Reims alors que je me suis rendu sur place sur leur conseil  ,de me donner les informations sur les suites de la garde à vue jusqu'à la  comparution immédiate après avoir soufflé le chaud et le froid et m'avoir  donné des informations erronées ou contradictoires, refus du tribunal de  prendre en compte l'absence de preuves  et au final une condamnation avec  sursis mettant directement en péril l'accès à la vie professionnelle de mon  fils au terme de ses études.
J'espère que beaucoup de parents auront  accès à cette information pour s'alarmer des conséquences désastreuses d'une  politique sécuritaire et paranoïaque capables de  briser la vie d'un  jeune homme jusque là libre et heureux.
 
Georges  Belenguier

Commentaire (1)

1. Florence Le 03/12/2009 à 15:48

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Bravo pour votre témoignage.
Je crois qu'il se passe sans arrêt des méthodes de ce genre mais personne n'en parle....
Espérons que votre courage en entrainera d'autres et produira quelques émules.
Car il faut le crier haut et fort : c'est inadmissible !! Sommes-nous encore en France ??? Liberté, égalité, fraternité, qu'ils disaient... Quelle honte...
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Dernière mise à jour de cette page le 01/12/2009
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