Sarkozy visite la province Jeudi,  la pénurie de carburant frappait encore davantage de   stations-services. Entre 4000 et 5000 stations étaient à sec ou   manquaient d'un produit au moins. Le déblocage des dépôts, 
annoncé en fanfare mercredi matin par Brice Hortefeux, n'a pas encore changé la donne. Comme toujours, Sarkozy avait parlé trop vite. 
Jeudi, Jean-Louis Borloo était plus prudent : « 
Je ne peux pas le dire précisément et celui d'ailleurs qui le dirait, je pense qu'il serait bien imprudent »,   a déclaré le ministre de l'Ecologie et de l'Energie. Jeudi, les   organisations syndicales décidèrent de deux nouvelles journées de grèves   et manifestations, les 26 octobre et 6 novembre prochain. Sarkozy perd   son pari. Le mouvement continue.  
A 10H30, Nicolas  Sarkozy est arrivé à Bonneval, en  Eure-et-Loir, pour une visite  ultra-protégée et bien médiatisée, comme  il se doit, d'une PME  d'ustensiles de cuisine. La visite, placée sous le  thème de la  ruralité, avait été tenue secrète jusqu'à la veille. Brice  Hortefeux,  qui a du temps à consacrer aux photographes malgré la crise  en cours,  et Michel Mercier, ex-Modem devenu ministre de l'Espace Rural  en 2009,  l'accompagnaient. 
La veille, l'Elysée avait mis en ligne la déclaration du président au conseil  des  ministres. Sarkozy joue un mauvais cache-cache avec ses  contradicteurs :  pas de conférence de presse, ni même d'intervention  télévisée. Encore  moins de débat. Il préfère l'écrit, ou l'oral devant  des auditoires  contraints et soumis.  
Auparavant, Sarkozy avait  enjoint  ses autres ministres d'éviter les déplacements publics, par  crainte de  débordements. A Bonneval, sans personne pour lui porter la   contradiction, il a répété son monologue de 
fermeté à l'encontre des casseurs - « 
J'ai vu les images de Lyon hier. C'est scandaleux, ce n'est pas les casseurs qui auront le dernier mot » - et de 
fermeture à l'égard des grévistes : « 
On   ne peut pas être le seul pays au monde où, quand il y a une réforme,   une minorité veut bloquer les autres. Ce n'est pas possible, ce n'est   pas ça la démocratie. » Ou encore : « 
On n'a pas le droit de prendre en otage des gens qui n'y sont pour rien, dans leur vie quotidienne. » Sarkozy put lâcher un gros mensonge, en toute tranquillité à l'adresse des lycéens manifestants : « 
Ces   lycéens-là, ce qu'on ne leur dit pas, c'est que la réforme elle est   faite pour eux, parce que je l'affirme, c'est parce qu'on fera la   réforme des retraites qu'ils n'auront pas à payer deux fois, une fois   pour eux, une fois pour leurs parents. » Rappelons-le, la réforme   sarkozyenne ne règle pas l'équation financière des régimes de retraites.   Le projet maintient un trou de 15 milliards d'euros annuels, d'une   part, et François Fillon a concédé qu'il faudrait une nouvelle réforme   en 2018/2020.  
Au Sénat, le débat continue. Tard dans la nuit de mercredi à jeudi, 
un amendement UMP a été adopté, prévoyant l'examen obligatoire, au cours du premier semestre 2013, des «
 conditions de mise en place d'un régime universel par points ou en   comptes notionnels, dans le respect du principe de répartition au coeur   du pacte social qui unit les générations » et des « 
moyens de faciliter le libre choix par les assurés du moment et des conditions de leur cessation d'activité.» Le mécanisme de 
retraite par point existe, en complément du régime obligatoire, dans le secteur privé.  Il  attribue des points en fonction du salaire. Dès 2013, donc, il  faudra  reparler des retraites, imposer une nouvelle réforme. Les jours  passent  et la tartuferie se fait plus évidente : avec cette réforme,  Sarkozy ne  cherchait pas à pérenniser le régime des retraites comme il  le promet et  le répète. Il cherchait deux années de répit budgétaires  sur le dos du  plus grand nombre et surtout des plus fragiles. Rien de  plus, rien de  moins.  
Woerth fait parler
  Au Sénat, le gouvernement presse le pas,   comme l'explique la presse. sarkozu veut remanier son gouvernement,   passer à une autre séquence, faire oublier l'amertume de sa réforme. « 
Il n'est pas justifié de rajouter cinquante heures de débat » a ainsi argumenté, jeudi au Sénat, le ministre du Travail, Éric   Woerth. Le gouvernement ignore la contestation. Eric Woerth, justement,   est rattrapé par deux affaires.  
Eric de Sérigny, le  conseiller bénévole d'Eric Woerth, en charge  des relations avec le  monde économique, réclame 5 millions d'euros de  dommages et intérêts à 
Rue89. En cause, 
un article de septembre dernier  qui  détaillait la présence de Sérigny dans diverses sociétés offshore  au  Panama, une version contestée par l'intéressé mais confirmée par un   ancien collègue. L'audience de cette affaire est prévue le 7 janvier   prochain. Rue89 dénonce le caractère astronomique de la somme et, via   son avocat, a présenté cette semaine toutes les pièces justifiant   l'article.  
La semaine dernière, le 
Canard Enchaîné révélait une autre affaire Woerth (relayée par le Courrier Picard et 
Politique.net )  : alors ministre du budget, Eric Woerth a fait renfloué un fonds de   retraite mise en place par le Conseil général de Picardie, géré par la   Caisse nationale de Prévoyance, qui abonde d'une rente annuelle et à  vie  de 5 488 euros par mandat de six années effectué la retraite de ses   anciens conseillers généraux. La Caisse des dépôts, maison mère de la   CNP, comptait clôturer ce fond, qui se trouvait en état de cessation de   paiement il y a deux ans. C'était sans compter l'abnégation du  ministre  du budget pour défendre ce petit avantage d'élu. Pire, Eric  Woerth  lui-même est un ancien conseiller général de Picardie et, à ce  titre,  bénéficiaire dudit fond.  
Besson se cache derrière MAM
  Mercredi, 
Mediapart a mis en ligne un questionnaire destiné aux maires et aux policiers   destiné à traquer les fameux mariages simulés entre Français et   étrangers. Le texte, annexé à une circulaire du 22 juin dernier et 
signée par la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, est édifiant. Le questionnaire était resté confidentiel jusqu'alors, pour le seul usage de « 
la haute hiérarchie judiciaire », comme l'explique Mediapart : 
«   Il convient que l'existence de cette proposition de grille d'audition   soit connue des professionnels concernés – et uniquement de ceux-ci » peut-on ainsi lire dans ces consignes. Officiellement, la circulaire   concerne tous les mariages de complaisance, et pas seulement les   mariages mixtes. Mais les questions que doit poser l'officier d'état   civil lors de l'audition préalable, comme les détails qu'il doit   traquer, visent clairement les mariages entre Français et étrangers. Ils   passent au crible l'intimité d'une relation et d'un projet de mariage   (goûts du conjoint, histoires passées, anecdotes marquantes). La   circulaire recommande la tenue d'entretiens séparés, et d'un procès   verbal pour recenser les refus de réponses, et 
«toute constatation» de sentiments exprimés. Plus largement, c'est un inventaire à la Prévert des indices de fraude potentielle :  
«Qui a formulé la demande de mariage? Quand?», «Les parents du conjoint étranger ont-ils été présentés au conjoint de français?», «Quel est le niveau d'études du conjoint étranger? Parle-t-il français ? Écrit-il le français?», «En cas de différence d'âge importante, recevoir les observations du conjoint français», «Le   conjoint étranger a-t-il des enfants issus d'un précédent mariage?   Combien? De quel âge? En a-t-il la garde? Les voit-il régulièrement?   Contribue-t-il financièrement à leur éducation?», «Y a-t-il eu   célébration de fiançailles? Si oui, quels en étaient les témoins? Des   photos ont-elles été prises? Une fête a-t-elle été organisée? Y a-t-il   eu échange de cadeaux?» 
 En Sarkofrance, le mariage mixte devient suspect. Sauf quand il s'agit de celui du ministre de l'identité nationale...  
Tepa détricoté Après   le bouclier fiscal - que Sarkozy s'est résolu à réformer avec l'ISF en   juin prochain -, la défiscalisation des intérêts d'emprunt immobilier -   supprimée dans la loi de finances, voici la défiscalisation des heures   supplémentaires qui est en ligne de mire de certains députés... de   droite. Mesure phare de la loi Tepa d'août 2007, promesse de campagne de   Sarkozy, ce dispositif était dès le départ coûteux et inutile. 
La crise aidant, il en est devenu anachronique. 
Les critiques ne sont pas nouvelles. Mais il est incroyable de constater à quel  point  Sarkozy a échoué sur son propre terrain. Non seulement les  résultats  promis (« gagner plus...», « la France propriétaire », etc)  ne sont pas  atteints, mais il est rarissime qu'une majorité détricote  avant la fin  de son mandat les mesures phares du programme de son  candidat.  
Sur les heures supplémentaires, 
la publication d'un nouveau rapport réalisé par deux économistes  est en passe de leur porter un coup fatal. Même le 
Figaro relaye l'affaire d'un article cyniquement intitulé « 
Gagner plus pour travailler autant.» Les deux auteurs de cette étude expliquent que « 
cette   réforme n'a eu aucun impact signicatif sur les heures travaillées. En   revanche, elle a bien eu un impact positif sur les heures   supplémentaires déclarées par les salariés qualifiés, qui ont de larges   possibilités de déclarer des heures supplémentaires actives, car leur   durée du travail est difficilement vérifiable.» En d'autres termes, cette avancée sarkozyenne fut une belle arnarque !