Emotion après l'arrestation de deux enfants de 6 et 10 ans à Floirac

LEMONDE.FR | 21.05.09 | 16h26  •  Mis à jour le 21.05.09 | 20h44

Le ministère de l'intérieur a demandé une enquête à la suite de l'interpellation, mardi 18 mai, de deux enfants de six et dix ans par la police à la sortie de leur école à Floirac (Gironde), ce qui a scandalisé leur entourage et le monde enseignant. Les policiers ont affirmé avoir agi en toute légalité dans cette affaire, révélée jeudi par le quotidien régional Sud-Ouest.

Selon des témoins, deux véhicules et six fonctionnaires de police sont venus chercher vers 16 h 30, heure de la sortie de l'école, les deux enfants, deux cousins que la mère d'un autre élève avait dit avoir vus au guidon de vélos lui ayant été dérobés. Les enfants sont restés deux heures dans les locaux de la police à Cenon, commune de la banlieue bordelaise voisine de Floirac, le temps que leurs parents fournissent des explications. "Mon fils a été interpellé ici, ils l'ont fait descendre de son vélo, ils l'ont embarqué dans la voiture avec son vélo. Ils ont attendu le petit de six ans qui est arrivé derrière, et ils ont fait la même procédure", a raconté à la presse devant l'école la mère de l'enfant le plus âgé, Aïcha Ouachim. "Moi j'ai été informée par la maîtresse du plus petit, qui est en maternelle", a-t-elle ajouté, affirmant par ailleurs avoir fourni la preuve que le vélo que conduisait son fils n'avait pas été volé. Elle a précisé que son fils ne voulait plus aller à l'école.

"EXCÈS DE ZÈLE" OU "DÉRIVE SÉCURITAIRE" ?

Dans un communiqué publié par son service de presse, le ministre de l'éducation nationale, Xavier Darcos, affirme qu'il "prendra connaissance avec attention des conclusions de l'enquête interne demandée par le ministère de l'intérieur". "Les faits impliquant des mineurs de cet âge appellent des réponses proportionnées et doivent tenir compte de la responsabilité des familles", écrit-il, ajoutant que ce cas "ne saurait être confondu avec la question de l'introduction des armes en milieu scolaire".

"Qu'elle corresponde à un excès de zèle ou à une dérive sécuritaire, cette arrestation heurte profondément l'ensemble des enseignants, des éducateurs et des parents d'élèves", écrit dans un communiqué le Snuipp. Le syndicat enseignant demande à Xavier Darcos "d'intervenir pour que la primauté des mesures éducatives soit respectée et qu'aucune interpellation n'ait lieu dans ces conditions".

Cette arrestation "n'est pas acceptable" et "l'école doit rester un lieu privilégié du vivre-ensemble", estime dans un communiqué le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre. Lors d'un point de presse organisé à la mi-journée à l'hôtel de police de Bordeaux, le directeur départemental de la sécurité publique, Albert Doutre, avait défendu les policiers. "Je soutiens entièrement et j'assume entièrement jusqu'au bout ce qui a été fait", a-t-il dit, estimant que tout s'était déroulé dans le cadre "des lois de la République". Il s'agit à ses yeux d'une "affaire complètement banale qui prend un tournant polémique surprenant". Les policiers ont selon lui agi avec "discernement", conduisant les deux enfants au commissariat pour être entendus en compagnie d'une mère. Il a aussi rappelé qu'une personne avait déposé plainte et que les policiers "ont de comptes à rendre au parquet". Albert Doutre a enfin précisé que l'enfant de six ans avait "reconnu avoir emprunté le vélo". Pour le deuxième, "l'enquête se poursuit", a-t-il ajouté.

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