Inf'OGM. Le 4 juin 2010 par Anne Furet et Eric Meunier
 Depuis longtemps, la Commission  européenne fait face à plusieurs difficultés sur le dossier des PGM :  des pressions extérieures pour que les autorisations   européennes de commercialisation suivent le même  calendrier que celles d’autres pays (les Etats-Unis principalement), et  un rythme d’autorisation trop lent au goût des entreprises (deux autorisations   à la culture données en douze ans). Selon Reuters, deux voies seraient donc envisagées, conformément à ce  qui avait été annoncé en mai 2010 [3]. La seconde voie serait la voie réglementaire avec modification d’une  disposition de la directive 2001  /18  . Pas de certitude sur la  disposition qui pourrait être modifiée, mais selon des acteurs proches  du dossier, il pourrait s’agir de l’article 26bis qui statue que «  Les  États membres peuvent prendre les mesures nécessaires pour éviter la  présence accidentelle d’OGM dans d’autres produits ». A ce jour, le calendrier n’est pas des plus clair. Pour certains, la  date butoir du 13 juillet annoncée par Reuters pourrait correspondre à  la fin d’une consultation interne à la Commission. Cette dernière  pourrait ambitionner d’arrêter ce jour là la version finale de sa  proposition. Pour d’autres, il pourrait s’agir de la date à laquelle la  Commission demandera aux états membres de se positionner officiellement  sur l’une des deux voies envisagées, afin qu’elle mette en œuvre le  chantier au cours de l’été. D’ores et déjà, il est intéressant de noter que cette proposition de  la Commission européenne n’apporte pas de modification révolutionnaire  par rapport à la législation   existante. Plusieurs acteurs demanderont très probablement en  préliminaire de toutes discussions que la Commission applique les  décisions du Conseil des ministres de l’Environnement de décembre 2008 [4]. Les réactions des différents acteurs sont maintenant attendues.  Inf’OGM en fera une présentation dans son prochain journal à paraître  fin juin début juillet (Inf’OGM Le journal, juillet/août 2010).
 Cette situation est le fruit d’une procédure d’autorisation qui fait  intervenir tous les Etats membres, dont plusieurs ne sont pas favorables  aux PGM. Dans ce contexte, est arrivée en 2009 une demande formulée par  les Pays-Bas et l’Autriche de « nationaliser » les procédures  d’autorisation des PGM à la culture. L’occasion pour la Commission de  faire une proposition en réponse, mais qui pourrait s’avérer à double  tranchant [2].
 Car elle semble ambitionner de permettre aux Etats membres qui le  souhaitent, d’interdire les cultures sur leur territoire, en échange de  disposer d’un système lui permettant d’autoriser plus simplement et plus  rapidement les PGM. Elle continuerait de centraliser au niveau européen  les procédures d’autorisation.
 La première voie serait une voie qualifiée de « rapide » avec la  modification des lignes directrices existantes de la Commission sur les  règles de coexistence  ,  adoptées en 2003  . Ces lignes  se basaient – et se basent toujours – sur le principe de  proportionnalité qui repose sur le seuil d’étiquetage à 0,9%. La  proposition devrait donc être que les états membres soient libres de  prendre les mesures de coexistence   qu’ils souhaitent, que l’ambition soient d’interdire les PGM ou de  respecter le seuil d’étiquetage à partir de 0,9%.
 Inf’OGM rappelle que les lignes directrices ne sont pas contraignantes  et n’obligent pas à passer par une modification de législation  ,  donc pas de passage devant le Parlement et le Conseil, ce qui  représente un avantage non négligeable pour la Commission en termes de  rapidité de mise en œuvre des nouvelles mesures.
 Inf’OGM rappelle que la 2001  /18   est le seul texte législatif  abordant les questions d’encadrement des cultures (un autre texte  existe, le règlement 1829  /2003   mais ce  dernier renvoie à la directive pour toutes les questions de culture).  Une telle modification suppose une codécision de la Commission et des  états membres, ainsi qu’un passage devant le Parlement européen, donc  plus difficile à négocier que la première voie.
 A cette réunion, les Etats membres avaient adopté à la majorité, une  demande de renforcement de l’évaluation des Plantes Génétiquement  Modifiées avant autorisation, et de l’étiquetage des lots de semences,  ainsi que l’autonomie de certaines régions géographiques particulières  sur la culture des PGM.
 La Commission européenne sait qu’en faisant cette proposition, elle va  initier de nombreuses discussions de négociation, qui pourrait  d’ailleurs faire oublier que la mise en application des demandes des  ministres de l’Environnement de décembre 2008 peut aussi se faire dans  le cadre législatif actuel, ce dernier comportant déjà tous les outils  possibles (clauses de sauvegarde nationales, procédure d’évaluation  avant autorisation, modalités de décision sur les règles de coexistence  ,  liberté de choix quant aux arguments considérés pour autoriser ou  interdire les PGM...).
[1] Reuters, 5 juin  2010 http://www.forexyard.com/en/news/EX... [2]  UE -  L’Autriche demande de nationaliser les autorisations des cultures de  PGM : une fausse bonne solution ?,Inf’OGM ACTU n°25, novembre  2009 [3]  UE -  La Commission européenne cultive la subsidiarité pour morceler  l’opposition aux OGM, mai 2010 [4]  UE -  Quelles conclusions des réflexions sur l’évolution de l’encadrement des  OGM ?, Inf’OGM ACTU n°16, janvier 2009
Aucun commentaire