Sarkofrance. Le 25 mai 2011 par Juan Sarkofrance (publié par Marie)
Notre  candidat s'impatiente. Nicolas Sarkozy aimerait qu'on reconnaisse au  plus vite qu'il est le seul présidentiable valable de cette compétition  pour 2012. En Libye, l'OTAN passe à une nouvelle étape, hélicoptère à  l'appui. A Paris Sarkozy est excessivement lyrique à l'égard de son  micro-G8 sur l'avenir d'Internet. Ses conseillers élyséens l'ont mal  prévenus. Internet existe sans lui. Mieux, ce G8 du Web ne traitera pas  de la seule innovation majeure du Web, la progression des libertés.
 
 Pressé en Libye ?
 En Libye, Nicolas Sarkozy a besoin d'une victoire rapide. Son opposant  DSK étant tombé, il faut creuser l'avantage international, faire oublier  les cafouillages, neutraliser les critiques sur la Françafrique, la  diplomatie atomique, les ratages du printemps arabe. Des hélicoptères Tigre ont été dépêchés sur le théâtre des opérations. Mardi 24 mai, les forces franco-britanniques ont lourdement bombardé Tripoli.
 
 En Syrie, l'Union européenne s'est décidée à des sanctions. Combien de morts faut-il pour l'Europe se bouge ? Lundi 23 mai,  les Etats membres de l’UE ont décidé d'interdire de visa et de geler  les avoirs du président syrien Bachar Al-Assad, ainsi  que de neuf  autres personnalités proches du régime.
 
 Museler internet ?
 A Paris, Nicolas Sarkozy a organisé son « e-G8 ». Kessako ?  Finalement, pas grand chose. Un rassemblement de quelques représentants  du G8, complété de personnalités du monde de l'internet ou des médias,  le tout placé sous le signe du business sur internet et accueilli dans  le jardin des Tuileries, à Paris, au frais de la Sarkofrance.
 
 Pas question, pour Sarkozy, de parler d'Internet vecteur de liberté. Le  printemps arabe, agité par Facebook et les réseaux sociaux, date d'il y a  quelques semaines à peine, mais le Monarque français ne veut pas se  brouiller avec le grand Chinois. Le coup de communication numérique du candidat Sarkozy a fait choux blanc.
 
 «Les rêves d’hier sont devenus réalités et l’univers des possibles s’agrandit chaque jour devant nous.» Cette phrase d'introduction du e-G8 par Sarkozy ce mardi a bien fait rire.  On se serait cru en Chine pendant la révolution culturelle, la violence  en moins. Le Monarque s'y croyait, maître du monde, incontesté.
 
 Le narcissisme violent, l'autosatisfaction exagérée qui transparaissent dans ses formules furent proprement hallucinantes : « Aussi,  c'est en formant les vœux que Paris devienne pour quelques jours  la  capitale de l'Internet que j'ai souhaité vous réunir, ici,  aujourd'hui,  à la veille du G8.  » Ou encore: « Ce moment est important car  c'est à ma connaissance la première fois,  que l'ensemble de ceux qui  ont contribué par leur talent et par leur  ingéniosité à changer le  monde, je devrai dire, à nous faire changer de  monde, sont réunis en un  seul et même lieu.»
 
 Notre « Très Grand Homme » évoqua « l'émergence d'une nouvelle  forme de civilisation », une « véritable dimension historique ». Il remercia les participants d'avoir « changé jusqu'à la perception de l'Histoire », « bouleversé les fondements même de l'économie mondiale », « changé la notion même de connaissance ». Evidemment, il souffla le chaud et le froid. Sarkozy, il faut le  comprendre, a la conviction facile. Sur internet, il lui était hors de  question d'endosser la liberté d'un réseau qui puisse perturber la  gouvernance des Etats. « Nous avons besoin d'entendre vos aspirations, vos besoins. Vous avez besoin d'entendre nos limites, nos lignes rouges.»
 
 Licencier des chômeurs ?
 Moins lyrique mais plus concret, le directeur de pôle emploi a  rebondi  sur les déclarations du ministre Guéant de dimanche dernier. Grâce à  différents contrôles tels un refus d'emploi, un refus de formation ou un  refus de deux offres raisonnables d'emploi, (c'est-à-dire une offre qui  se situe dans un périmètre de 30 km autour du domicile et correspond  globalement à ses qualifications, ndlr), il s'est félicité, lundi, que son agence radie chaque mois « environ 2.000 » chômeurs.
 
 On est content pour lui. Moins d'un chômeur sur deux est indemnisé par  pôle emploi. Et l'UNEDIC prévoit de rétablir partiellement ses comptes  d'ici la fin de l'année. Non pas parce que le manque d'emploi régresse,  mais en raison d'une progression espérée du travail partiel ou des  formations aidées. 
 
 
 Masquer les affaires ?
  Lundi, on a appris que l'un des ministres de Sarkofrance, George Tron,  ancien villepiniste débauché par le Monarque élyséen pour affaiblir son  rival Dominique de Villepin, faisait l'objet d'une plainte pour harcèlement sexuel. Les langues se délient. Il manque l'Elysée. 
 
 Christine Lagarde est la favorite européenne pour succéder à Dominique Strauss-Kahn. La ministre de l'Economie semble peu affectée par ses déboires dans l'affaire Tapie. Mais voici que Mediapart ajoute deux autre dossiers au passif de la ministre : « la cour de justice de la République (CJR) a décidé de se pencher  s'agissant du rôle de la ministre de l'économie et des finances, deux  autres dossiers impliquant directement Mme Lagarde sont pendants devant  la justice, selon des documents et témoignages recueillis par Mediapart.»  Dans l'une des deux affaires, la ministre est accusée par une ancienne  collaboratrice, chargée de mission de communication à Bercy, de « détournement de pouvoir »  pour un licenciement qu'elle juge politique. L'autre affaire engage la  cour de justice de la République, car la ministre Lagarde a stoppé, en  octobre 2009, une enquête des services de son ministère « susceptible de mettre en cause la Bourse de Paris.»
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