C’est foutu…shima

Cent Papiers. Le 19 Avril 2011 par Olivier Cabanel

Entre la démission du directeur de Tepco, et les promesses que d’ici 6 ou 9 mois, la centrale de Futushima ne rejettera plus de pollution dans l’eau ou l’atmosphère, en passant par les interrogations de nombreux états, ils sont nombreux à vouloir enfin tourner la page du nucléaire.

Alors que des mesures record de radioactivité ont été mesurées le 17 avril, Il nous faudra donc attendre 9 mois pour connaitre la nature du bébé. lien

Lorsque l’on voit l’amas de poutrelles, de ferrailles qui jonchent l’emplacement de ce qu’a été la centrale, (vidéo) et lorsque l’on sait le niveau élevé de radiation sur le site, on comprend mal comment ils pourraient y parvenir. lien

Sur ce lien, le niveau des radiations en temps réel au Japon, et , on a accès une caméra qui filme en continu la centrale.

En réalité, jusqu’à 100 km du site, au moins 1 millions de personnes se trouvent en zone mortelle. vidéo

Le flegme semble abandonner les Japonais qui, entre inquiétude et colère, ont commencé à hausser le ton. lien

A ce stade de la catastrophe, il devient utile de faire le point sur Fukushima Daiichi, et ses 6 réacteurs.

Au sujet du réacteur n° 1, le 12 mars, une explosion d’hydrogène à soufflé le toit du bâtiment du réacteur, et deux jours plus tard le niveau de radioactivité atteint 162 Sieverts par heure. Le 16 mars, Tepco sait que 70% du combustible endommagé subit un début de fusion. Le 23 mars, la température du réacteur voisine les 400 °C et descend à 300°C, puis à 218°C le 24 mars, mais la pression commence à monter, malgré l’injection d’eau de mer, puis d’eau douce, laquelle est mesurée à 3,8 milliards de becquerels par litre.

Dès le 26 mars la température remonte, et se stabilise à 323,3°C le 29 mars.

Le 5 avril, la température du réacteur est à 234°C, et le 7 avril, l’exploitant injecte de l’azote pour éviter une nouvelle explosion d’hydrogène.

Le 14 avril, la contamination de l’eau en iode 131 (sous le réacteur) est passée de 72 000 becquerels par litre à 400 000 becquerels le 13avril, la concentration en césium 134 est passée de 1400 à 53 000 becquerels par litre.

D’après Tepco: 70% du cœur est endommagé, une partie à fondu, une réaction nucléaire en chaine périodique persiste.

Pour le réacteur n° 2, le toit du bâtiment réacteur a été percé lors de l’explosion du bâtiment voisin, et le 14 mars, la pression monte dans le réacteur, privé de refroidissement: Tepco admet que le cœur du réacteur a commencé à fondre. Une explosion d’hydrogène a lieu le 15 mars, l’enceinte de confinement est endommagée.

Le 17 mars, la piscine s’est mise à bouillir, la température du cœur voisine les 100°C, (l’idéal doit être de 25°C) une valeur de 720 millisieverts par heure à été détectée, et dans l’eau on trouve de fortes concentrations d’iode 131 et de césium 137 prouvant que le cœur du réacteur a partiellement fondu.

Du 27 mars au 29 mars, la température est passée de 125° à 152 °C.

Une fissure de 20 cm est découverte dans une fosse du réacteur, l’eau présente dans cette fosse est contaminée à ~5,3 milliards de becquerels d’iode 131 par litre.

Après plusieurs tentatives vaines de colmatage l’injection de silicate de sodium aurait stoppé la fuite le 6 avril.

Le 9 avril les experts de la NRC (autorité de sureté américaine) affirment que le réacteur est plus endommagé que ce que l’on pensait, et que du combustible fondu est sorti de la cuve d’acier.

L’eau qui est sous le réacteur est passée de 36 000 becquerels par litre le 6 avril, à 610 000 le 14 avril et malgré le colmatage, de l’eau continue de fuir.

D’après l’exploitant, ce réacteur est endommagé à 30/33% suite à un début de fusion.

Près du cœur, on trouve entre 20 et 30 sieverts par heure, empêchant l’intervention de qui que ce soit.

Pour le réacteur n°3, chargé en mox (plutonium plus combustible classique), 2 explosions ont eu lieu le 13 mars, blessant 11 personnes, dégageant une radioactivité de 167 Sieverts par heure. N’ayant plus d’eau disponible, ce sont des hélicoptères qui larguent de l’eau, les pompiers prenant le relais, et la pression continue de monter (17 mars). La piscine de ce réacteur pose aussi des problèmes.

Le 23 mars, le niveau de radiation est inchangé, et la température voisine les 300°C (la température de fusion du MOX est plus basse que celle du combustible classique).

Le 25 mars, la contamination de l’eau atteint 3,9 milliards de becquerels par litre, indiquant que l’enceinte de confinement n’est pas étanche, et que du combustible fondu est entré en contact avec l’eau.

Le 6 avril Tepco annonce que 25% du cœur est endommagé et le 14 avril la température monte continuellement, de 170°C le 12 avril à 240°C le 14 avril.

Dominique Leglu pense que le cœur du réacteur pourrait être à l’air. lien

Quant à la piscine de ce réacteur, outre les 514 assemblages de barres de combustible usé, il y a 52 barres de combustible neuf.

Et enfin pour le réacteur n°4, le cœur du réacteur est vide (ce réacteur avait été arrêté en novembre 2010) et c’est la piscine qui pose problème (photo) : L’eau du refroidissement du bassin s’est évaporée, provoquant une explosion d’hydrogène, et un incendie le 15 mars.

Il a été maitrisé, et la piscine est continuellement arrosée pour éviter une montée en chaleur, mais le 12 avril, un nouvel incendie s’est déclenché.

La température est de près 90°C, alors qu’elle doit être en moyenne de 25°C.

Elle contient 783 grappes de combustible usé, et 584 grappes partiellement utilisées.

Ces dernières posent problème et font monter régulièrement la température de 2°C par heure.

Sur ce lien, d’étonnantes images du réacteur.

Quant aux réacteurs 5 et 6, ils avaient été arrêtés avant le séisme, et après une élévation de la température des piscines, la température du cœur des 2 réacteurs s’est stabilisée en dessous de 100°C, celle des piscines est à des niveaux normaux. Plus de détails sur ce lien.

Aujourd’hui, Tepco promet de « reprendre le contrôle des réacteurs », tout en disant que le démantèlement qui prendra au minimum 20 ans, est inévitable, mais éprouve beaucoup de difficultés à recruter de la main d’œuvre sur le chantier, malgré les 80 € de l’heure proposés. lien

Il faut savoir qu’avec le taux de radioactivité actuel, un homme récolte en deux heures la dose acceptable pour une année, et que s’il persiste, les conséquences seront irréversibles.

Sur ce lien on peut découvrir des films pris par un drone, montrant l’état de dévastation des réacteurs.

Un robot télécommandé a été utilisé pour mesurer la radioactivité émise par le réacteur 3 (57 mSv/heure), et va faire le même travail pour les autres réacteurs, (lien) mais l’on se souvient qu’à Tchernobyl, l’utilisation de robots pour évacuer les matières dangereuses avait tourné à la catastrophe, ceux-ci devenant incontrôlables,  la radioactivité ayant annihilé les circuits électroniques.

La France avait proposé ses robots, mais les Japonais les ont refusés, affirmant qu’ils « étaient inadaptés ». lien

Depuis le 16 avril, installés dans une cabine de plomb, des opérateurs utilisent pelleteuses et bulldozer télécommandés pour nettoyer ce qu’ils peuvent du chantier. lien

En attendant, d’étranges phénomènes se produisent au Japon, comme par exemple cette ville, Makuhari, en train de disparaitre lentement sous l’eau (vidéo) au point que certains se demandent si le japon n’est pas en train de sombrer. lien

Sur ce lien, les derniers documents actualisés au 19 avril.

Aujourd’hui, il est question de financer à hauteur de 180 milliards d’euros afin de remettre en état le pays, mais une question reste posée : qui va payer ?

En effet, il existe une convention internationale signée par 22 pays en 1988 qui prévoit que la responsabilité civile de l’exploitant d’une centrale nucléaire est limitée à 50 millions de francs français soit, 7,6 millions d’euros. lien

Or la catastrophe de Tchernobyl a couté 300 milliards de dollars, et les états sont à la recherche de financements pour refaire le sarcophage. L’Europe a promis 110 millions, mais il en faut 740lien

Les français ont la mémoire courte, et il faut souvent fouiller  la presse pour mettre les leaders politiques devant leurs contradictions, leurs erreurs, leurs mensonges.

Ainsi, Marine le Pen affirmait dans un débat télévisé, le 28 mars 2011 d’avoir été « une écologiste avant l’heure ». Était-ce la même qui déclarait dans le journal « Les Echos » 11 jours auparavant « reculer sur le nucléaire au moment où nous sommes rentrés dans l’après pétrole apparait totalement fou, sauf à revenir au Moyen-âge. Il faut au contraire accélérer les investissements dans le nucléaire ». lien

DSK, démontre une fois de plus sa proximité avec l’UMP en déclarant : « je ne pense pas qu’il soit souhaitable que l’humanité renonce à l’énergie nucléaire ».

Il faut d’ailleurs se souvenir de sa collusion entre cet ancien ministre et le lobby nucléaire. lien

Alors que NKM se refuse à un débat sur le nucléaire, (lien), Angela Merckel veut en sortir le plus tôt possible (lien) tout comme  l’Italie. (lien)

Alors qu’en Suisse, une alliance des partis vise à sortir du nucléaire…d’ici 2050, en France, Proglio le patron d’EDF affirme que ses centrales sont en excellent état. lien

En Russie, au moment où l’on commémore Tchernobyl, Igor Setchine, le vice premier ministre, à l’unisson de Proglio a déclaré : « nous nous sommes assurés que les technologies des réacteurs russes correspondent à tous les standards de sécurité et garantissent qu’aucun système ne tombera en panne ». lien

Et en réponse, le 19 avril, un séisme de force 5 s’est produit du coté d’Ibaraki, à 22h11.

Auparavant un internaute a filmé pendant près de 7 minutes « quelque chose » difficile à comprendre. Vidéo.

Comme dit mon vieil ami pour une fois japonais : « le malheur est un pas vers le bonheur ».

L’image illustrant l’article provient de « christianbrunier.blog »

***

Merci à Rym d’avoir mis sur FaceBook ma première chanson antinucléaire (j’ai mal a Malville-1977) dont elle a fait un clip sur ce lien

http://fr-fr.facebook.com/video/video.php?v=139735906098455&oid=127942410590060&comments


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Dernière mise à jour de cette page le 28/06/2011

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