Illusion de démocratie ?

Le Lot en Action, par Henri Blazac. Mis en ligne le 14 mars

Nous publions ci-dessous la contibution d'un lecteur de l'Isère. N"hésitez pas à réagir via les commentaires.

Aux dernières élections, pour le législatif et l'exécutif, j’ai failli ne pas voter : dans chaque programme ou équipe, il y avait au moins un élément que je ne pouvais accepter. Si j’ai fini par voter, c’était pour ne pas valider la politique menée. Et tel que c’est parti, nous voilà encore embarqués pour 5 ans dans un quasi statuquo que rien ne peut infléchir. Pourquoi et comment s’en sortir ?

A/ Notre démocratie volée par ....... les élections.

1. Les élections : un choix "étagère"

democratie-1.jpegDans notre constitution, nous avons trois pouvoirs qui devraient être indépendants : le pouvoir législatif qui "produit" les lois, le pouvoir exécutif qui est chargé de faire appliquer ces lois et le pouvoir judiciaire.
Or nous votons sur un programme. Cela affaiblit la séparation des pouvoirs, n’est pas réaliste (tous les rêves ne sont pas bons et peuvent évoluer) et détourne notre "démocratie" de ses fondements : nos élus devraient être nos représentants, pas nos pseudo-délégués.
Que feriez-vous dans un restaurant où vous sont proposés des menus non panachables comportant chacun au moins un plat inacceptable pour vous ? Autre exemple : c'est comme si nous devions choisir pour cinq ans une voiture sur la mécanique, la carrosserie, certains gadgets et performances. Uniquement le modèle plébiscité serait construit pendant 5 ans sans trop s'occuper de sa faisabilité et du contexte évolutif possible ! C'est aberrant commercialement, politiquement serait-ce acceptable ?

2. Là où nous frôlons la perversité

Une fois le spécialiste et son programme choisi, celui-ci devient notre délégataire pour toutes les décisions de notre communauté et il est presque entièrement libre. Du moment qu'il en a parlé dans son programme, il se doit de réaliser chaque promesse même si c'est contraire aux intérêts de la communauté. Bien sûr, "il peut" oublier certaines promesses. Les mouvements de foule peuvent le faire évoluer mais il peut garder le courage de ses opinions. Une bonne campagne de presse et la mise en avant de contraintes extérieures [les Crises (provoquées), le Conseil Européen et les commissions (non élus), des polémiques sur des cas particuliers, ...] permettent de faire passer les pires gags : la privatisation des autoroutes pour leur mise en concurrence, GDF bradé à Suez car c'est un électricien (pas EDF), tous les PPP (1) (à la SNCF, aux hôpitaux, ...), ... Bien sûr, par discipline, les assemblées des élu(e)s suivent les directives du parti (pris) de l’élu : elles en sont réduites à des chambres d'embellissement et d'enregistrement.
Très peu de contrôles et d’enquêtes impartiales. Les médias du copier/coller devraient rendre compte. En fait, les médias orchestrent l’ensemble en cultivant les arts du stress, de la polémique et du fait divers(ion) : les médias sont devenues les "chiens de garde" de ce système.
Les sondages nous aident aussi à savoir ce que l'on devrait penser. Avec tout cela, nous ferions une démocratie modèle car nous avons un bulletin de vote tous les 5 ans !

(1) PPP : officiellement Partenariat Public Privé. Plus concrètement, Privatisation Progressive du Public.

democratie-2.jpeg3. Politicien : un métier ?

Faire de la politique n'est plus un service mais est devenu un métier où règnerait une concurrence féroce. En apparence seulement car ils sont presque tous sortis du même moule, des mêmes écoles (ENA, ...) et fréquentent les mêmes clubs ; dans les faits, nous avons une aristocratie/oligarchie déguisée en démocratie droite/gauche avec quelques autres prétendants qui cherchent à faire carrière autrement.

4. Conséquences : ils appellent cela démocratie

Ce système nous donne l’illusion que nous sommes en démocratie car nous votons de temps en temps. Pire : si notre vote ne correspond pas à leurs attentes, il peut être biaisé ou annulé. Combien de "bonnes" lois votées par les Parlements ne sont toujours pas appliquées faute de décret d’application ?
Avec les médias en "chiens de garde", avec le recul des contre-pouvoirs systématiquement dénaturés, avec une justice de moins en moins indépendante, les abus de pouvoir deviennent possibles. Ce système permet alors toute forme de lobbying, trafics et arrangements de toutes sortes. Sournoisement, la communauté pâtit des compromissions et des laissez-faire ; les scandales actuels en sont le révélateur tardif : amiante, prothèses, téléphones portables, WIFI, médiator, privatisations, augmentations de tarifs, ... Nous ne sommes pas loin d’une forme de totalitarisme ou d’un retour à une forme de royauté. "1789" risque d’être à refaire.

 

B/ La démocratie à laquelle nous aspirons


1. En fait, qui élit-on et quel est son rôle ? (rappels)

democratie-3.jpegLe président de la République
Le président de la République n'est pas un roi élu mais il est le "patron" de l'exécutif. Lors d’une élection, je lui demanderai comment il va mettre en application les lois, administrer le pays et, chef des armées, comment il compte s'en servir et les faire évoluer. C'est tout, c'est déjà énorme et c’est sur ce thème que je le jugerai.

Un député
Un député est chargé de l'élaboration des lois et il nous représente à l'assemblée nationale. Lors d’une élection, je lui demanderai comment il va nous représenter et traduire devant les autres députés nos idées, nos problèmes et les solutions étudiées ensemble. Je lui demanderai aussi comment il nous informera des enjeux et des autres opinions échangés. Bref comment va t'il communiquer et réfléchir avec les citoyens qu’il représente.

Un sénateur
Élu pour 9 ans par les grands électeurs (personnes ayant déjà un mandat électif), un sénateur est là pour assagir la fonction du législateur en veillant à une certaine continuité des options politiques et en évitant les réactions spontanées non réfléchies pour le long terme. Comme pour le député, il devrait rendre compte de sa mission régulièrement auprès de tous les citoyens de son secteur.

Un maire
Élu pour 6 ans, un maire est là pour gérer sa commune en concertation avec tous ses habitants et pas seulement avec son conseil municipal. Les élus ont un rôle de gestion et de créateur de règles à appliquer localement. Lors d’une élection, je lui demanderai comment il va nous impliquer dans les décisions à prendre.


2. Le rôle primordial de l'information

Deux types d’informations sont importants :
democratie-4.jpegCôté législatif, connaître les arguments avancés par les différentes sensibilités et parties prenantes. Publier des études sur leurs limites, leurs conséquences et les résultats d’essais déjà effectués. Une "parole aux lecteurs" plus ouverte permet de partager idées et évènements.
Côté exécutif, comment tout est appliqué et quels sont les problèmes rencontrés. Abus de pouvoir, malversations, combines ... doivent être identifiés et révélés sans censure.
Par contre, sont à éviter les interviews de connivence (sur "politicaillerie", violence, religion, racisme, jeunesse, famille, ...) et à bannir tous les faits divers, polémiques et micro-évènements qui consomment du média sans rien apporter à la Vie. Il est honteux que, hors journaux spécialisés, des résultats de foot, tennis, tour de France, loto, bourse, ... occupent plus du 1/20ième d’un journal. S’il est malvenu, hormis localement, de rapporter des faits divers même odieux, de temps en temps il est opportun d’en publier des statistiques pour se rendre compte de leurs évolutions et de leurs causes.


3. Vers une démocratie plus participative

Il ne suffit pas de râler mais de s’approprier les décisions de ce que nous voulons vivre. La démocratie est un art de vivre ensemble chaque jour. La démocratie est à ceux qui la prennent et ne peut exister que si elle est partagée : accaparée, elle n’est plus. Ce n’est ni aux “spécialistes", ni aux partis politiques ni à la finance de décider seuls à notre place. Ce n’est même pas le rôle des élus.
Cela commence par des élections conformes aux principes de base de notre constitution avec l’indépendance des pouvoirs et leur rôle bien défini. Nous devons élire et juger nos représentants non sur un programme mais sur la manière dont ils pensent assumer leurs rôles. Une conséquence : chaque citoyen doit s’impliquer bien davantage dans les choix de société à faire. C’est toute une organisation à mettre en place. D’une manière générale, nous sommes trop isolés, mal organisés et nous n’avons pas assez confiance en notre pouvoir habitués que nous sommes à être dépendants.
Enfin, les élus doivent remplir uniquement leur rôle. Des exemples fonctionnent un peu partout ; pendant la 2ième guerre mondiale, le CNR (Conseil National de la Résistance) a bien montré ses possibilités.

4. Un combat difficile et délicat

democratie-5.jpegLe pouvoir politique, le pouvoir financier, les médias et les instituts de sondage, grâce à une connivence plus ou moins formelle entre eux, accaparent de plus en plus le système « démocratique » en place. Si nous laissons faire, ils continueront à prélever (racketter) de plus en plus nos ressources, notre travail, nos institutions de solidarités.
Si le peuple essaie de reprendre du pouvoir, ils ont tous les outils pour semer la discorde et à la limite, en provoquant une guerre civile, ils seront encore gagnants : les destructions créent notre travail dont ils vivent. Constatez vous-même, ils savent faire : Kosovo, Palestine, Rwanda, Afghanistan, Colombie, Grèce, Tunisie, Mali et Niger, ... Notre marge de manœuvre est donc très étroite surtout qu’il sera impératif de perdurer.

« L’histoire nous appartient, c’est le peuple qui la fait ! »
(derniers mots de Salvador Allende, le 11 septembre 1973)


Commentaires (1)

1. Chérance Michel 14/04/2013

Rien qu'en lisant ce qui précède, on ne peut que constater que la seule concertation que :
1) nous sommes en dictature (et depuis près d'un siècle) puisque l'on envoie systématiquement les SS pour discuter (ce n'est plus "cause toujours" mais "ferme ta gueule" qui nous est opposé,
2) toutes les demandes que l'on serait en droit de formuler à nos "élus" aboutissent au même constat : "concertation, quelle concertation ?"
3) d'après les çondages les français se sentent plus proches de leurs maires que de tout autres élus Ben je peux vous dire qu'avec un maire dont les 3/4 des administrés ont renommé sa femme "Xavière"... vous avez compris où se situe le niveau de démocratie. Faut dire qu"avec un QI flirtant avec les 50/75, faut pas chercher trop l'intelligence !

Bref, il y a belle lurette que je ne vote plus "pour" quoi que ce soit, mais "contre" ce dont j'ai marre de voir nous envoyer dans le mur... Sans aucune conviction d'ailleurs

Ajouter un commentaire
Code incorrect ! Essayez à nouveau

Le Lot en Action, 24 avenue Louis Mazet, 46 500 Gramat. Tél.: 05 65 34 47 16 / [email protected]