Aides publiques à la presse : une tartufferie en bande organisée

Article publié dans le numéro d'octobre du LEA (n°84), par Bluboux, mis en ligne le 18 septembre 2014

Medias pas pareils 1Le livre de Sébastien Fontenelle « Éditocrates sous perfusion. Les aides publiques à la presse : trente ans de gabegie », aux éditions Libertalia (1) est un des ouvrages de référence à lire en cette rentrée.

« Les journaux et magazines "de référence" publient régulièrement de longues exhortations à "réduire la dépense publique", et des anathèmes contre "la France des assistés". Mais depuis trente ans, ces mêmes publications sont littéralement gavées de millions d’euros d’aides publiques – qui ne servent à rien, puisque la presse écrite continue de s’enfoncer dans une crise structurelle. Mais qui représentent jusqu’à 12 % de leur chiffre d’affaires. Cette gabegie, documentée par de nombreux rapports, est de celles qui font généralement, pour les journalistes spécialisés dans la chasse à "l’assistanat" et aux "gaspillages", un scandale réussi.
 Or la révélation que le contribuable nantit la presse écrite de gigantesques subventions ne leur inspire aucun commentaire. Car ici, le silence est d’or : l’éditocratie sous perfusion l’a parfaitement compris, qui continue de faire sponsoriser par l’État ses incessants appels à diminuer la dépense étatique… »

Pour la deuxième année consécutive, l’État a rendu public le 29 avril le montant des aides directes accordées à la presse pour l’année 2013. Avant un décret d'avril 2012, il était impossible pour le public de connaître la répartition de l’enveloppe de quelque 400 millions d’euros versée chaque année aux titres de presse. Oui, vous avez bien lu, 400 millions d'euros, le Figaro et le Monde percevant à eux deux 32 millions d'euros. Et le magazine Télérama, qui n'arrive qu'en sixième position, perçoit plus de 10 millions.

Où est l'état d'esprit du Conseil National de la Résistance ? Rappelons que les ordonnances de 1944 sur la liberté de la presse prises à la Libération, visaient à organiser un nouveau système médiatique garantissant la liberté d'expression et un pluralisme de la presse, après la guerre de 1939-1945, qui avait vu la quasi-totalité de la presse collaborer avec les Allemands. Ces ordonnances avaient pour but de lutter contre la concentration des entreprises de presse et de sanctuariser la presse vis-à-vis des puissances d'argent et de l'influence de l'État, tout en assurant l'indépendance des journaux et leur transparence, afin que la presse devienne « une maison de verre ».

La coordination des médias libres demande à ce que les règles de distribution des aides à la presse soient revues. Quand on songe que le fonds de soutien à l'expression radiophonique, qui permet à toutes les radios associatives de France et de Navarre de (sur)vivre, a un budget de 28 millions d'euros, on comprend aisément qu'un soutien actif et efficace de la presse libre et indépendante en France coûterait bien moins cher que l'enveloppe de près d'un demi-milliard d'euros, et permettrait de revenir à l'esprit des ordonnances de 44.

Note
(1) Éditocrates sous perfusion, éditions Libertalia, septembre 2014, 112 pages, 8€.

National aides a la presse

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