Les intermittents ne lâchent rien

Source : CIP-IDF, mis en ligne le 3 juin 2014

Intervention aux Molières, grève à Montpellier, occupation à Besançon et affiches d’annulation des spectacles contre l’Unedic et pour le droit au chômage

Le gouvernement veut agréer une convention Unedic qui va priver les chômeurs, intermittents, intérimaires et précaires de plusieurs centaines de millions d’euros alors que plus de la moitié des chômeurs ne sont pas indemnisés. Nous ne l’acceptons pas et appelons tous les concernés à se mobiliser pour imposer que des droits sociaux adaptés à nos conditions d’emploi et de vie soient instaurés.

Nous exigeons que soient indemnisés tous les chômeurs, discontinus, à temps complet ou en activité réduite, au minimum au SMIC/jour.

La coordination nationale réunie à La Belle Etoile à Saint-Denis, les 26 et 27 avril dernier avait donc décidé d’une journée d’actions coordonnées contre la convention Unedic pour le 2 juin [1]

A Paris, un rassemblement devant le Théâtre des Folies Bergère était appelé avant le début de l’enregistrement de la cérémonie des Molières, diffusée en différé dans la soirée sur France 2.

La cérémonies était plutôt… fliquée, avec un dispositif de gendarmerie impressionnant et des forces de police en nombre

Les manifestants ont scandé « On est chez nous, laissez nous entrer ! », « Filipetit, trop, c’est trop, pas de culture sans droits sociaux », « Rebsamen trop c’est trop, pas de culture sans droits sociaux ! ».

Plus de deux cent personnes étaient présentes au rassemblement. Des panneaux d’agit prop et des badges ont été donnés à des invités de la cérémonie. Plusieurs nominés aperçus dans les cafés du coin ont eu droit aux explications de rigueur (et d’austérité) sur la convention Unedic et il leur était demandé de se solidariser avec le mouvement en cours et ses revendications.

Vers 19h10, Nathalie Kosusko Morizet se fait huer à son arrivée. Marc Citti vient embrasser des manifestants en soutien.

« François Rebsamen, rendez-nous nos droits sociaux ! François Rebsa-ment comme un arracheur de dents ! »

19h50 Une délégation de 7 personnes (5 CIP et 2 CGT spectacle) accède à la cérémonie.

20h45 A l’intérieur des Folies bergères, Valérie Dreville lit un texte puis demande au gouvernement de pas agréer l’accord Unedic. Applaudissements.

Aurélie Feelpetit se fait coller dans la main un texte pendant cette lecture publique.

21h30 :

Vidéo de l’intervention CIP et CGT par Nicolas Bouchaud lors de la cérémonie des Molières

Le gouvernement s’apprête à ratifier la convention d’assurance chômage négociée contre les intermittents, intérimaires, chômeurs en toute déloyauté.

Ce nouvel accord réduit encore une fois les droits des plus fragiles pour, nous dit-on, faire des économies parce que les chômeurs coûtent trop chers. Il faut donc trouver un moyen de les faire payer. Leur faire payer le fait qu’en France 6 chômeurs sur 10 ne sont pas indemnisés, leur faire payer les 9 millions de pauvres, travailleurs ou non, leur faire payer la situation de chômage de masse avec près de 6 millions de privé d’emploi. Ce texte fait porter sur les seuls intermittents, intérimaires et chômeurs les 2 milliards d’économie en 3 ans que le gouvernement demande au régime d’assurance chômage. Cette volonté de partenariat avec le Medef est un massacre.

Cet accord va aggraver la situation de tous ceux qui vivent la précarité au quotidien. Nous avons bien conscience que beaucoup de professions sont en danger, pas seulement les nôtres et en luttant ensemble nous affirmons notre totale solidarité.

Avant d’arriver au pouvoir, tous les membres du gouvernement soutenaient nos propositions. Nous voulons simplement que les actes suivent les paroles.

François Rebsamen, qui nous défendait juste avant de devenir ministre du travail, se renie et annonce qu’il va agréer cet accord inacceptable. A ce titre il mérite le Molière de la meilleure trahison pour son rôle d’employé du Medef. Applaudissements.

Dans le contexte de politique d’austérité, les budgets de la culture sont, comme bien d’autres, soumis à des coupes drastiques. La colère, le désespoir mais surtout la détermination vont entrainer des mobilisations dans tous les festivals d’été.

Les salariés permanents et intermittents du festival Le Printemps des Comédiens à Montpellier viennent d’adresser un ultimatum au gouvernement qui expire aujourd’hui à minuit - sans promesse de non agrément et réouverture des négociations sur l’assurance chômage, ils se mettront en grève reconductible dès demain.

Les membres du gouvernement ne seront pas les bienvenus dans nos spectacles.

Luttons et résistons.

A la sortie du cérémonial :

La gauche installée peut-elle changer ?

Les manifestants attendent les invités à leur sortie, dont Feelpetit, est-ce qu’elle va partir par les toits ou parler à nous ?
Elle causé avec des camarades présents à l’intérieur, et dit que c’est Rebsamen qui..., quelle peut rien faire...
Dehors, personne ne l’a vu, elle a du fuir par une porte dérobée...

Des discussions on lieu à la sortie avec Bedos père et fils (ce dernier animait la soirée), et d’autres invités et nominés [2].

Plut tôt dans la journée, comme dans de nombreuses villes en France, à Paris, des dizaines de lieux culturels, renommés ou non, subventionnés ou privés, ainsi que des colonnes Morris, des panneaux 4X3, des stations de métro, des bus ont fait l’objet d’un collage d’affiches annonçant : Spectacle annulé, renseignements au 01 53 59 19 19 (c’est le standard téléphonique du Medef [3]).

Théâtres privés :

Théâtres publics :

Ministère de la culture :

La Comédie française va-t-elle fermer ses portes ?

Devant de nombreux lieux encollés, des personnes appellent le no du Medef indiqué sur les affiches.

Et l’opéra Bastille ?

Cinéma :

Festivals :

Le musé du Louvre, obligé d’annuler ses expos ?

Théâtre de la ville :

Dans le métro, comme sur de nombreux bus où figuraient des pubs de spectacles :

Avignon

Après un rdv matinal, une banderole « Festival annulé » a été accrochée ce matin sur le pont Saint-Bénezet, avec le numéro de téléphone du Medef local…

Besançon Occupation de la DRAC. Bon accueil du personnel, très vite Mr Falga, le directeur régional, nous demande nos doléances.
Nous rédigeons un texte demandant à Mme Filippetti de prendre position en demandant officiellement à Rebsamen de ne pas signer les accords du 22 mars.
Médias présent : « macommune.info », « L’Est Républicain », une représentante de l’AFP (dépêche reçue par le DRAC !), France3 nous dit venir mais on ne les voit pas …
Le DRAC à fait son propre courrier et nous reçoit dans un « salon » avec son adjointe, Mme Chaton-Aubey, Mme Épaillard-Patriat, directrice de cabinet du Préfet de région FC, Mr Ribeil Directeur régional de la DIRECCTE. La directrice de cabinet nous dit : on fait remonter, on veux bien discuter dans quelques jours mais faut pas rester là, l’occupation c’est un peu illégal quand même ! Un échange que l’on rejette.
Après des renforts arrivés sur place, la soirée s’organise, BBQ et ambiance bon enfant !
2eme entrevue, on nous informe d’une « réunion de l’emploi » qui « lancerai » le travail de Rebsamen avec les « partenaires sociaux » ce vendredi 6 juin (?). Mais nous insistons sur notre demande et la raison de notre venue, car la prise de position de Mme Filippetti.
Nos hôtes comprennent que nous resteront cette nuit, l’acceptent en rappelant des règles de base etc... Bref on mange des saucisses !
Les discussions vont bon train avec nos hôtes, les allées et venues continuent, on peut entrer et sortir a notre gré.
L’action affichage « ANNULATION » et actuellement en cours parallèlement à cela.

Ici à cette heure, les forces vives ont réduit mais pas la motivation, on à besoin de renforts au au 7 rue Charles Nodier pour les 1eres heures de demain… On craint de devoir quitter les lieux...

Par précaution, l’AG de demain, mardi, est annoncée à 18h sur la terrasse de la Rodia, av. de Chardonnet.

La DRAC occupée :

Montpellier

L’Assemblée Générale, au Domaine D’o, avec les équipes techniques et artistiques du Printemps des Comédiens vote une grève reconductible au Printemps des comédiens à Montpellier, assortie d’un ultimatum aux ministres pour ce soir minuit :

Ce jour, lors de l’assemblée générale extraordinaire du mouvement unitaire en Languedoc-Roussillon contre l’accord UNEDIC du 22 mars 2014, les salariés intermittents et permanents du Printemps des Comédiens, les équipes artistiques et techniques accueillies, adressent au gouvernement un ultimatum :

Ne pas agréer l’accord UNEDIC du 22 mars dans son ensemble, et mettre immédiatement en œuvre de nouvelles négociations sur la base des propositions de la plateforme du comité de suivi à l’assemblée nationale *.

Sans réponse aujourd’hui à cet ultimatum, ce soir, avant minuit, les salariés intermittents et permanents du Printemps des Comédiens, les équipes artistiques et techniques accueillies, soutenus par l’assemblée générale se mettront en grève reconductible mardi 3 juin, jour d’ouverture du Printemps des comédiens à Montpellier.

Mouvement Unitaire Languedoc-Roussillon contre l’accord UNEDIC du 22 mars 2014

Brest

Ici aussi, les murs de la ville annoncent des annulations de spectacle en indiquant un no du Medef local.

Valence

Là aussi, des affiches d’annulation avec le no du Medef ont été apposées dans la ville.

Dijon

Cette ville - dont le maire, François Rebsamen‬, a tellement à coeur l’intérêt de ses administrés - a connu le même type de modification momentanée du paysage culturel.

Nice et Cannes des supers héros ont collé des bandeaux annulé avec coordonnées du medef sur des affiches de spectacles de festivals et d’événements.
Et aussi :

Limousin, au moins Limoges et Tulle ont été touchées par l étrange maladie de l’annulation, et peut être plus encore… à suivre.

Nancy L’opération « spectacle annulé » a, là aussi, colonisé l’espace publicitaire.

Voilà un journée réussie !
Et le Figaro de titrer sur internet « Les intermittents du spectacle passent à l’offensive » et de sous titrer : « Le mouvement entre dans une phase agressive ».

Voilà qui préfigure l’application de la charte des festivals [4], et plus encore.

Le gouvernement est confronté à un choix politique qui commence à ne plus être gratuit. A chacun et à tous de faire en sorte qu’ils soient contraints de ne pas agréer. On sait pas si on peut gagner, ni jusqu’à quel point, mais qui ne se bat pas a déjà perdu.

Rejoignez les coordinations et collectifs existants !
Là où vous n’en trouvez pas, il est nécessaire d’en créer.

Prochain rdv de mobilisation, mercredi 4 juin. Le ministre du Travail Rebsamen veut agréer la convention UNEDIC issue de l’accord du 22 mars et réunit le Conseil National de l’Emploi ce jour. Coté syndical, seules la CGT et CGC s’opposent à l’agrément

A Paris,à 9h30, rassemblement devant la Délégation Générale à l’emploi et à la Formation Professionnelle (DGEFP)

7 square Max Hymans, à l’angle du boulevard Vaugirard et du boulevard Pasteur, Paris 15e, Métro Pasteur.

Nous indiquerons les rdv régionaux dont nous aurons connaissance sur cette page

 

Notes :

[1] Pour qui n’aurait pas tout à fait saisi le projet patronal et gouvernemental, appuyé par la CFDT et d’autres « syndicats », un résumé limpide à faire circuler partout : Deux millions six cent mille privilégiés en France. Combien de temps ce scandale va-t-il durer ?.

[2] Des gens loin de certaines réalités, loin, loin, loin de ce petit souci là, par exemple : R.S.A : fausse hausse et coupures programmées.

[3] A propos du Medef, on lira cette analyse critique qui restitue la logique qui préside aux réformes du chômage depuis 1999, avant même la réforme du protocole Unedic sur les 8 et 10 en 2003 : « Refondation sociale » patronale : Le gouvernement par l’individualisation, Maurizio Lazzarato

[4] Festivals : Nous déclarons persona non grata les membres du gouvernement

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