Nucléaire : le prix de l’énergie la plus dangereuse au monde sera bientôt plus élevé que celui de l’éolien !

Source : Les moutons enragés, mis en ligne le 28 mai 2014

Un rapport de la cour des comptes sur la filière nucléaire rendu public mardi 27 mai fait état d’une augmentation du prix de production du MégaWatt heure en France de 20% depuis 2010. Concrètement, le coût du Mwh est passé en 3 ans de 48,6 euros à 59,8, cette hausse étant évidemment répercutée sur la facture des clients. Cette augmentation substantielle s’explique en grande partie par le vieillissement du parc nucléaire français qui demande à EDF des opérations de maintenance de plus en plus coûteuses. Les travaux d��infrastructures destinés à la prolongation de la durée de vie des réacteurs au delà de la limite des 40 ans fixée lors de leur conception entraînera également des dépenses pharaoniques de l’ordre de 55 milliards d’euros d’ici 2025.

C’est donc en toute logique que la cour des comptes estime que le prix du Mwh devrait continuer à augmenter et avance un coût moyen de production proche de 62 euros pour la période 2013/2025, ce qui pourrait d’ailleurs s’avérer franchement optimiste…

Ce coût ne prend en effet vraisemblablement pas en compte l’intégralité des frais de démantèlement des centrales qui ont été provisionnés par EDF à hauteur de 43,7 milliards. Ce provisionnement a été calculé sur la base d’un coût estimé à 15 % du prix de conception mais semble insuffisant au vu des expériences récentes qui le situeraient plutôt aux alentours de 25 %, comme c’est le cas aux états-unis… Cependant, de l’aveu même de la cour des comptes, estimer le coût réel  est très aléatoire faute d’expérience achevée sur le sujet en France. En effet, le premier retour d’expérience sur le réacteur de Chooz, ne sera effectif qu’en 2019, date de la fin des opérations de démantèlement actuellement en cours.

Pour comparaison, l’éolien terrestre a un coût moyen sur 20 ans compris entre 63 et 77 euros le MWh ou encore entre 60 et 68 euros selon les sources, le tout sans frais pharaoniques de démantèlement, sans déchets radioactifs, sans risque de catastrophe atomique, et bien évidemment sans difficultés d’approvisionnement en uranium…

 

Il y a assurément là matière à réflexion, d’ailleurs certains pays (ceux qui réfléchissent, peut-être?) se sont dors et déjà lancés dans la transition énergétique, comme l’Allemagne, même si les choix effectués, notamment en faveur de l’éolien offshore, ont considérablement augmenté les coûts de production en raison de grosses dépenses d’infrastructures sur le réseau. En Espagne, l’énergie éolienne est devenue cet hiver la première source d’électricité devant le nucléaire.

Cependant, le lobby nucléocrate est fortement implanté en France, et alors que les investissements consentis pour réaliser le centre d’enfouissement des déchets ultimes à Bure ont été estimés par l’ANDRA (Agence Nationale de gestion des Déchets Radioactifs) entre 13 et 36 milliards d’euros (non provisionnés par EDF ceux-là mais payés directement par le contribuable…), on voit mal les élites faire machine arrière, et ce, malgré les interrogations et les résistances que soulèvent le projet, notamment en matière de sécurité. Car malgré les assurances de l’ANDRA sur la sécurité sans faille du site, la catastrophe nucléaire en cours dans le centre de stockage profond américain au Nouveau Mexique, qui semble pour l’instant hors de contrôle, résonne comme un désaveux cinglant de tous les discours lobotomisant des nucléocrates Français. Du coup on comprend mieux l’opposition des habitants à voir un gigantesque réservoir de déchets radioactifs s’entasser sous leurs pieds, car même enfouie à 500 mètres sous terre, la puissance atomique reste largement suffisante pour irradier la commune pour les siècles des siècles ou la placer sur orbite…

En dépit de tout principe de précaution et de réflexion économique à moyen terme, les investissements dans le nucléaire ont tous été maintenus quels que soient les majorités au pouvoir, et ce malgré des coûts titanesques, des problèmes techniques et des retards à répétition dans la livraison des chantiers, comme dans le cas de l’EPR de Flamanville qui réunit toutes les caractéristiques d’un désastre industriel puisque, au vu des sommes investies, le réacteur de « dernière génération » aura un coût de production du Mwh de près de 107 euros, soit presque le double des réacteurs actuels et 60% plus cher que l’éolien terrestre !

Les partisans de l’atome ne sont cependant pas à une contradiction près et continuent d’affirmer mordicus que le prix d’exploitation va baisser sur ce type de réacteur « dernier cri » puisque les surcoûts de Flamanville seraient dus au fait qu’il s’agit d’un prototype. Ces derniers disparaîtraient donc (comme par magie !) sur une construction en série qui devrait permettre d’avoir des réacteurs « de plus en plus compétitifs et rentables » d’après la société française d’énergie nucléaire… Et pour ceux qui resteraient malgré tout sceptiques, notamment sur les questions de la dangerosité des centrales « les plus sûres du monde », il reste la technologie ultime de la fusion atomique, le saint Graal qui concentre tous les espoirs des nucléocrates et des investissements colossaux à travers le programme ITER. Le projet ne vise rien de moins qu’à « reproduire sur terre l’énergie des étoiles », selon le Commissariat à l’Energie Atomique, maître d’oeuvre du programme. Le chantier du site industriel, situé à Cadarache dans les Bouches-du-Rhône,  a dors et déjà explosé les prévisions initiales (c’est décidément une habitude), pour passer de 4,5 à 16 milliards d’euros à ce jour.

Pour l’instant, le résultat le plus tangible obtenu par la technique de fusion nucléaire par le CEA a été une production de 300kw sur une durée de six minutes, ce qui constitue un record. Comme quoi malgré l’absence de miracle, la foi arrive quand même à déplacer des montagnes… de capitaux.

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