Source : Le Lot en Action n°95 (novembre 2015), par Tias, mis en ligne le 27 novembre
Le solaire photovoltaïque, un peu aux dépends du solaire thermique (eau chaude et chauffage), voit son envol au niveau mondial se répercuter dans nos contrées européennes et française (et donc lotoise) malgré le soutien moins marqué de l’État via les tarifs d’achat de l’électricité verte. Mais ça, c’est sur le papier car nous, pékins moyens, ne voyons rien de toute cette belle affaire. En effet, ce soutien est principalement porté par le système des appels d’offres qui permet de sélectionner qui et quoi sera aidé : le porteur d’un projet solaire supérieur en puissance à 100 kWc (environ 700 m²) doit passer par ce système ; suivant les caractéristiques de son projet, il va demander un tarif d’achat correspondant au meilleur équilibre de fonctionnement (financier donc surtout) de son installation. Il en résulte que tout projet candidat à l’appel d’offre (système instruit au niveau national directement par la Commission de Régulation de l’Énergie, CRE, le gendarme du marché de l’énergie en France) dispose de compétences administratives et de développement que n’ont pas les citoyens lambda, on constate donc la présence de candidats portant des projets de grandes dimensions…
Le bon point est le constat que l’énergie photovoltaïque devient compétitive : certains lauréats demandent par exemple un tarif d’achat de leur électricité à 70 €/MWh injecté sur le réseau, ce coût de production devient plus intéressant que celui de l’éolien terrestre (mais encore loin des 42 €/MWh nucléaire), d’où une sérieuse crédibilité de cette filière dans les projets de développement énergétique. Mais qu’on ne s’y trompe pas, on parle bien de centrales au sol permettant des économies d’échelle telles, que ce sont les grands groupes énergétiques qui peuvent profiter de ces intérêts. L’effet du low cost chinois y est pour quelque chose, mais de manière générale, le développement des centrales au sol a connu de réels gains d’échelle à différents niveaux ces dernières années (dernier projet en date de centrale au sol dans le Lot : 36 ha pour 25 MWc ! le plus grand !). À titre de comparaison, dans les projets de la CRE, les installations sur bâtiment, ou « ombrières » de parking, de 100 kWc à 5 MWc, demandent à minima 103 €/MWh…équivalent au prix de vente de l’élec nucléaire des nouveaux EPR…
Ce système d’appels d’offres (qu’on appelle à présent « complément de rémunération ») complète le système d’ « obligation d’achat » - OA - que les particuliers connaissent via le soutien des installations intégrées au bâti. Pour illustrer la préférence du développement des grands groupes au détriment d’une redistribution des profits auprès des petits investisseurs ou non-pro, on constate que l’OA n’est valable que jusqu’à 100 kW alors qu’il est de 500 kW pour les filières éoliennes et méthanisation. La perversité réside alors dans le fait que l’autoconsommation, qui devient donc « rentable » en comparaison du prix de l’électricité actuelle qui ne cesse d’augmenter, ne pourra injecter son surplus de production (CQFD. Et le vendre sur le réseau au moment où le site ne consomme presque pas et qu’il produit beaucoup) que si son producteur est passé par l’appel d’offre et a demandé un tarif de rétribution ! Pas vraiment encourageant, surtout si son projet n’est pas lauréat.
Malgré tout, l’autoconsommation accède donc à des coûts de fonctionnement de plus en plus intéressants grâce à des coûts matériels en baisse. Une proposition de loi étudiée en septembre 2015 (ce n’est qu’un projet !) envisage même de proposer un « crédit d’impôt, soit sur le revenu, soit sur le bénéfice des sociétés, égal à 50 % de l’investissement (CQFD. Pour travaux d’installation d’équipements d’autoproduction d’électricité à partir d’EnR) amorti sur 8 ans ». Difficile d’y croire, quand on constate que le gouvernement espagnol préfère taxer les auto-producteurs au titre d’un manque à gagner (sic !) de l’État ou des grands producteurs énergétiques…ou encore que les lobbies énergétiques n’ont pas encore sorti les griffes.
Donc, si l’on veut faire de l’autoproduction, c’est chez soi, mais pas en groupe, ou alors être très bien organisé, ce qui n’est pas gagné !
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