Conflit social à la mairie de Cahors : le travail rend libre

Source : Le Lot en action n°89 (avril 2015), par Joël Serra, mis en ligne le 19 juin 2015

Conflit social mairie cahorsPour ceux qui veulent bien le savoir, rien de ce que nous allons affirmer ici ne sera une nouveauté, c’est même de notoriété publique. Les agents municipaux et l’administration, transitoirement au pourvoir de la mairie de Cahors, sont en conflit larvé, et leurs relations réciproques souvent exécrables. Les conditions de travail du personnel municipal ne cessent de se dégrader : départs à la retraite non remplacés, qui induisent une surcharge de travail pour ceux qui restent, salaires bloqués depuis plus de quatre ans, et même heures supplémentaires qui ne seraient plus payées. Bref, sous le PS, c’est travaille plus pour gagner moins ; tant qu’à faire pourquoi pas un retour au servage ! Ce genre de pression, que subissent aujourd’hui tous les travailleurs, et surtout les manuels, n’est pas sans conséquences sur la santé des victimes, à plus fortes raisons sur un personnel vieillissant, l’âge moyen des salariés se situant entre 43 et 53 ans. Les arrêts maladie sont donc fréquents (dont 50% sont des longues maladies). Mais les élus cadurciens, du haut de leurs compétences absolues et multiples, condamnent ses absences comme « abusives ». Ayant, pour la plupart, passé leur vie professionnelle à cultiver leurs escarres dans les bureaux, ils savent mieux que personne subir impassiblement le froid en hiver (la chaleur en été), que porter du poids n’a aucune incidence sur le rachis lombaire et que travailler dans l’urgence est bon pour le tonus cardiaque. Leur morgue sans vergogne les pousse jusqu'à contester la validité des diagnostics médicaux qu’ils osent remettre en cause en les taxant d’ « arrêt de complaisance ». A ce jour, l’ordre des médecins a fait preuve d’un silence d’abnégation devant cette négation de son autorité. Il faut se rappeler qu'en 2009, dès son arrivée à la mairie, la gauche plurielle avait voté un soi-disant pacte, dit par antiphrase « social », dont une des finalités était de vouloir déposséder de leurs primes les agents malades. À la seule exception notoire d’une élue de gauche qui s’y était opposé, ce texte était passé (après cela, ils ont bonne mine de se plaindre de la montée du FN). Dans une affaire similaire, le syndicat CGT avait saisi le tribunal de Toulouse, qui avait statué que le congé maladie est une position d’activité et que donc, à ce titre, on ne peut pas retenir les primes des agents malades. Le pacte antisocial serait donc illégal. Mais dans la raie-publique française, la loi est comme les promesses électorales, elle n’engage que ceux qui y croient.

Le bouquet a été atteint quand la cour des comptes en a rajouté dans le sens de la maire, notant elle aussi un taux d’absentéisme soi-disant trop élevé, et « une durée de temps de travail inférieure à 1 607 heures ». Mais peut-être la cour des comptes avait-elle anticipé la disparition du code de travail souhaitée par la loi Macron/Medef. Comme l’a fait remarquer le syndicat CGT, la loi prévoit une durée inférieure à 1 607 heures, les légistes de la cour des comptes étaient-ils alors en arrêt maladie ?

Puisque la cour des comptes nous fait l’insigne honneur de se pencher sur notre petite localité, elle pourrait peut-être nous expliquer à quoi ou à qui ont servi les 30 000 euros d’un audit sur « les risques psycho-sociaux à la mairie ». Audit qui avait le mauvais goût de faire ressortir  « un manque de reconnaissance de la part des élus des problèmes de conditions de travail », et qui donc n’a été suivi d’aucune initiative pour remédier à ce problème.

Nous ne pouvons, en bons citoyens respectueux des lois, que conseiller à cette si honorable cour des comptes de se pencher sur la prolifération endémique des agents de classe « A » (jusqu'à faire doublon dans certains lieux) alors que l’espèce des classes « C » semble atteinte d’extinction. Peut-être une des conséquences de l’épidémie de l’armée mexicaine.

Autre question qu’elle pourrait soulever : d’où viendraient les 25 000 euros qui devraient payer la mise en place des caméras de surveillance ou, si ce n’est pas trop demander, se pencher sur l’attribution des marchés publics au secteur privé. Tout cela commis au nom de la sacro-sainte austérité et des économies de bouts de chandelles sur les dos des plus pauvres.

On comprend que dans ces conditions, les agents municipaux soient dégoûtés de tout et même de leur travail. Pour notre part, nous nous affirmons solidaires de leur combat qui est mené dans l’intérêt du service public et de leurs usagers.

 

Cet article fait suite à la brève publiée dans le numéro précédent :

Conflit social à la mairie de Cahors

Nous avons reçu tardivement des informations détaillées sur les pratiques antisociales de la mairie de Cahors. À juste titre les syndicats ont protesté et envisagent d'élargir leurs actions. En effet, malgré des conditions de travail qui se dégradent, les rémunérations bloquées (même les heures supplémentaires obligatoires ne seraient plus payées). La mairie ose affirmer que les agents municipaux seraient des tire-au-flanc et abuseraient d'arrêts maladie (et sans doute les médecins seraient-ils complices). Bref un retour au servage. Ne manquerait que la taille !

Nous n'avons ni le temps ni la place de développer ce mois-ci ce sujet, mais nous nous engageons à le faire dès le prochain numéro.

PS : les hospitaliers de Cahors sont en grève… et injoignables. Les cheminots se battent pour nous, pour eux et pour sauver les services publics… et ne nous envoient pas à temps les infos.

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